Un Cinéma qui se déplace Diverses actions menées par le tissu associatif permettent une action culturelle ciblée et diversifiée. Tout d’abord, on peut évoquer le cinéma itinérant avec notamment les actions menées par le Cinéma Solaire qui se déplace en France et en Europe en travaillant de façon écologique (alimentation photovoltaïque) et éthique (prix libres des entrées). L’objectif est de venir proposer des projections dans des zones où le cinéma est peu présent, notamment en zone rurale. Concernant le jeune public, l’association a créé le dispositif « La bobine des bambins » destiné à accueillir des spectateurs de 3 à 12 ans. Dans cette même optique, l’association Les toiles enchantées viennent apporter projecteurs, écrans et haut-parleurs en hôpitaux pour une durée d’un mois. Les enfants peuvent par ailleurs suivre des ateliers autour de la création d’un court-métrage, encadrés par des professionnels du cinéma. Enfin, l’association LE FAR (filmer l’air de rien) propose un riche panel d’actions de médiation envers des publics et institutions diversifiées comme par exemple l’Education spécialisée, l’Education nationale, les maisons de quartier ou encore diverses structures culturelles comme par exemple les bibliothèques. Cette espace dédié à l’éducation, basé à Clermont-Ferrand, souhaite favoriser la démocratisation de la pratique audiovisuelle, l’entraide et la coopération des participants par le biais d’ateliers pratiques et la révélation du potentiel de créativité de chacun. L’association a ainsi mis en place une large et pertinente proposition d’ateliers dont on peut citer notamment : la découverte du cinéma forain, la création de films sans images, la découverte des effets spéciaux, la technique de la pellicule grattée ou encore le travail de « found footage » : technique visant à réutiliser différentes images d’archives afin de créer un nouveau film. Cette association favorise par ailleurs le travail en partenariats notamment en collaborant régulièrement avec le Festival Plein la Bobine, festival international jeunes publics du Massif de Sancy.
Ce panorama non exhaustif des actions de médiation auprès du jeune public sur le territoire français ont pour vocation à venir interroger aujourd’hui l’importance déterminante des partenariats entre organisations, qu’elles soient institutionnelles ou associatives, qu’elles s’inscrivent dans un rayonnement étatique ou territoriale. Il s’agit de travailler autour de problématiques liées à l’acessibilité, à la créativité, l’appropriation et la compréhension d’un contenu d’images animées. Dans une société dominée par l’hyperchoix et le numérique, l’éducation à l’image semble avoir de beaux jours devant elle pour continuer à se déployer sur le territoire. Hors contexte scolaire, quelles initiatives aujourd’hui ? Si développer le cinéma par l’école parait primordial, notamment en raison de la diffusion scolaire vers un public large et diversifié, la mise en place d’actions de médiation en dehors de ce contexte spécifique apparait comme tout aussi pertinente. Aussi institutions culturelles, festivals, associations, cinémas itinérants, ateliers en maisons de quartiers, bibliothèques et hôpitaux offrent de nouvelles possibilités de démocratisation, d’expression artistique et de découvertes critiques autour du cinéma. Les festivals destinés au jeune public permettent avant tout un partage de l’émotion suscité par le grand écran en famille et ce, dès le plus jeune âge. Sur cet axe, le Festival « Tout Petit Cinéma » organisé par le Forum des images de Paris propose ciné-concerts, ateliers et ciné-bruitages pour les moins de quatre ans. A cela vient d’ajouter une programmation de qualité, dont on peut notamment citer la diffusion en 2015 en avant-première du film d’animation Petites casseroles, adaptée du livre La petite casserole d’Anatole d’Isabelle Carrier paru aux Editions Bilboquet. « Anatole traîne derrière lui sa casserole. Elle lui est tombée dessus un jour. On ne sait pas très bien pourquoi. Depuis, elle se coince partout et l’empêche d’avancer. Une avant-première de courts-métrages tout en douceur pour comprendre la différence. » Le festival « Mon premier cinéma » travaille quant à lui sur la question de la participation des enfants à un jury de sélection de films. Cette action s’effectue en partenariat avec CINE+FAMIZ et la Cinémathèque Robert-Lynen (Paris) et propose à des enfants de 7 à 10 ans d’être formés à l’analyse filmique puis de visionner sept films en avant-première. Les enfants débattent entre eux et sélectionnent le film lauréat, qu’ils présentent ensuite lors de la cérémonie de clôture. Enfin, certains festivals se tournent vers la transdisciplinarité. C’est le cas du festival BD Boum organisé à Blois en 2011 qui a tout naturellement fait le lien entre bande-dessinée et film d’animation, en proposant un atelier aux visiteurs autour du livre Les trois brigands de Tomi Ungerer paru aux Editions l’Ecole des Loisirs. Les visiteurs ont été amenés à construire décors et personnages, pour ensuite venir les animer derrière la caméra. Chaque participant est resté en moyenne une heure sur le plateau de tournage pour réaliser le mouvement de son personnage.
Les festivals ont ainsi l’avantage de proposer un large panel d’actions de médiation sur une période courte mais riche, cela venant dynamiser le rayonnement culturel du territoire où ils sont implantés. Mais qu’en est-il du Cinéma qui vient directement à la rencontre de publics diversifiés ? Dans une société dominée par l’image – vidéos, chaînes Youtube, cours en ligne, séries télévisées, films et bien d’autres – l’éducation à l’image s’est progressivement imposée au sein des politiques culturelles européennes, promouvant le développement de la « capacité à être conscient et curieux dans les choix de films ; la capacité de visionner un film avec un œil critique et à en analyser son contenu, sa cinématographie et ses aspects techniques ; et la capacité à manipuler le langage filmique, ainsi que les ressources techniques pour la production de films ». Le cinéma, définit par Jacques Tati comme « un stylo, du papier et des heures à observer le monde et les gens » apparait alors comme un médium aux multiples potentialités, notamment sur le plan pédagogique. Mais quelles sont ces initiatives qui agitent notre territoire ? Quelles politiques d’éducation à l’image sont portées par le gouvernement ? Par quel biais le ressort associatif peut-il aujourd’hui se développer en véritable incubateur de projets et de ressources, venant interagir avec les institutions portées par l’Etat et les politiques territoriales ? La découverte du cinéma par l’école : l’importance des partenariats Alain Bergala, réalisateur et critique cinéma, s’interroge sur le rôle que peut jouer l’institution scolaire dans cet apprentissage : « est-ce à l’école de faire ce travail ? Est-elle bien placée pour le faire ? Une réponse s’impose : l’école, telle qu’elle fonctionne, n’est pas faite pour ce travail, mais elle est en même temps aujourd’hui, pour le plus grand nombre d’enfants, le seul lieu où cette rencontre avec l’art peut se faire. Elle doit donc le faire, quitte à bousculer quelque peu ses habitudes et sa mentalité.»
L’école fait face aujourd’hui à une problématique constante de « course au temps » face à des programmes scolaires imposants, l’obligeant parfois à étayer quelque peu ses missions en ce qui concerne la découverte et la pratiques des Arts. Ainsi, faire appel à des partenaires, qu’ils soient institutionnels ou associatifs, peut permettre de pallier à ce problème en offrant un contenu pédagogique riche et diversifié aux élèves. Dans cette dynamique, la Cinémathèque Française propose depuis 1995 le programme « Le Cinéma, cent ans de jeunesse » dont l’objectif est de favoriser l’émergence de projets pédagogiques audiovisuels auprès d’établissements scolaires des régions et pays partenaires. Chaque année, la Cinémathèque propose aux enseignants et aux professionnels du cinéma participants une thématique spécifique. Autour de cette thématique, les élèves âgés de 7 à 18 ans effectuent un travail d’analyse et de critique en visionnant une sélection de films-références. Ce travail les amène pas à pas à réaliser leur propre petit film d’une dizaine de minutes. Aussi, l’année 2016 marquée par la COP21 a permis la diffusion de la thématique suivante : « Au loin s’en vont les nuages, les enfants du monde filment le climat » auprès d’établissements scolaires de provenance diverse comme l’Allemagne, la Belgique, le Portugal, le Mexique, le Royaume-Unis, Cuba, l’Espagne, la Bulgarie, la Lituanie et la Finlande. Dans une veine similaire, l’association française « Les enfants de cinéma » offre aux enseignants divers contenus pédagogiques ainsi que la possibilité d’inscrire dans leur programmation pédagogique des séances de cinéma visionnées en salle. Découvrir le cinéma en salle et non plus en classe est un rite vecteur d’émotions que décrit Antoine De Baeque, historien et critique de cinéma : « On a souvent comparé la salle obscure à un temple, et il est vrai que la cinéphilie, même tenue dans les réseaux les plus laïques, est empreinte d’une grande religiosité dans ses cérémonies. […] Sans doute est-ce là l’identité même de cette pratique : comment voit-on les films, à quelle place dans la salle, dans quelle position, suivant quel cadrage intime, comment anime-t-on une séance, comment se déplace-t-on en bande, comment partage-t-on ce journal intime du regard par la conversation, par la correspondance, par l’écriture ? » Cette initiative des « Enfants du cinéma », soutenue entre autres par le Centre national du Cinéma et du Ministère de la Culture et de la Communication s’est développée à ce jour dans 95 départements en métropole et outre-mer, s’agissant alors de mettre en place un accompagnement spécifique autour de la première expérience de spectateur des élèves en proposant diverses animations : découvertes de la cabine de projection, visite-découverte du cinéma et présentation analytique des films avant leur projection. Dans une veine similaire, l’association française « Les enfants de cinéma » offre aux enseignants divers contenus pédagogiques ainsi que la possibilité d’inscrire dans leur programmation pédagogique des séances de cinéma visionnées en salle. Découvrir le cinéma en salle et non plus en classe est un rite vecteur d’émotions que décrit Antoine De Baeque, historien et critique de cinéma : « On a souvent comparé la salle obscure à un temple, et il est vrai que la cinéphilie, même tenue dans les réseaux les plus laïques, est empreinte d’une grande religiosité dans ses cérémonies. […] Sans doute est-ce là l’identité même de cette pratique : comment voit-on les films, à quelle place dans la salle, dans quelle position, suivant quel cadrage intime, comment anime-t-on une séance, comment se déplace-t-on en bande, comment partage-t-on ce journal intime du regard par la conversation, par la correspondance, par l’écriture ? » Cette initiative des « Enfants du cinéma », soutenue entre autres par le Centre national du Cinéma et du Ministère de la Culture et de la Communication s’est développée à ce jour dans 95 départements en métropole et outre-mer, s’agissant alors de mettre en place un accompagnement spécifique autour de la première expérience de spectateur des élèves en proposant diverses animations : découvertes de la cabine de projection, visite-découverte du cinéma et présentation analytique des films avant leur projection. |
Auteur
Bérénice Primot Archives |